EDITION: Octobre - Décembre 2013

Eivinatura – Les chèvres qui nettoient nos forêts

Par Lua Gómez Moya
Certaines personnes, en réunissant leurs connaissances, arrivent à des résultats hautement effectifs. C’est précisément le cas de Sergio Oller, berger transhumant et de David Gamero, ingénieur forestier, créateurs d’un fantastique projet voué au nettoyage des forêts d’Ibiza grâce aux chèvres.

Il y a 4 ans, après le sinistre incendie à Benirràs, Sergio, dévoué corps et âme pour la nature, décida de sauvegarder notre île en créant EIVINATURA. L’objectif principal de ce projet est de prévenir les incendies par l’élimination des broussailles des forêts. La particularité de ce projet est que c’est un troupeau de chêvres qui est chargé de débroussailler le terrain. Sans aucun doute, le bon appétit de ces bêtes est le moyen de nettoyage prévu dans le projet. Il faut savoir que les chêvres peuvent manger l’équivalent de leur poids par jour.


En plus de la protection face aux incendies, le projet EIVINATURA a d’autres avantages indirects pour la société ibicenca : la récupération de la chêvre autochtone des Baléares, actuellement en danger d’extinction et qui est utilisée pour le débrousaillement, d’une part, mais aussi sans oublier l’aspect éducatif du projet qui consiste à divulguer dans les collèges le métier traditionnel de berger et ses attraits, de façon que les nouvelles générations connaissent un mode de vie qui date des millénaires et, actuellement en voie d’extinction.

L’initiative de Sergio a enfin pu voir le jour à partir de l’incendie de Morna qui dévasta 1.500 Hectares des collines de la région de San Juan, et c’est alors quand IBANAT (Institut Baléare de la Nature), par l’intermédiaire de la technicienne Alicia Medrano, décida d’inciter le projet de débroussaillement par les chêvres. Fin octobre 2012, David et Sergio se rencontrèrent et créèrent une petite entreprise avec l’espoir de pouvoir réaliser ce merveilleux projet. Dès le départ ils ont formé un parfait tandem : un ingénieur forestier responsable de la partie technique de l’entreprise, développant les projets, les présentant et offrant des possibilités personnalisées pour chaque cas, et un berger profressionnel voué à la protection de la nature, qui connait bien son cheptel et sait comment le diriger pour qu’il fasse son travail de façon efficace.


Le processus à suivre pour réaliser un travail de débroussaillement commence par la visi-te d’un technicien d’EIVINATURA sur la zone de travail, accompagné d’AMA (Agent de l’environnement) qui décide quel type de permis doit être sollicité, suivant le travail forestal à réaliser. Une fois le permis obtenu, Sergio et Karim (bergers transhumants) installent un abri (tente où dort le troupeau), posent une palissade ou clôture électrique pour délimiter le terrain devant être débroussaillé, puis amènent les animaux. Ainsi, le troupeau fait son travail sur une surface délimitée et toujours supervisée par deux bergers qui, en dehors de prendre soin et de contrôler le travail des animaux, en tant que forestiers professionnels, font tous les travaux de taille, d’abattage et d’entassement des arbres préalablement choisis à éliminer. Les restes végétaux que les chêvres ne peuvent pas manger sont broyés sur place ou retirés par camion.

La Mairie de Santa Eulalia a été la première mairie de l’île à faire confiance au projet d’EIVINATURA, lui demandant, au mois d’octobre dernier, d’exécuter la première phase d’une bande “coupe-feu” autour du noyau urbain de Santa Eulalia, sur une superficie de 2,1 hectares et une autre bande de 2,77 hectares à Cala Llonga, les deux en activité actuellement. Par ailleurs, en début d’année, IBANAT leur a commandé le nettoyage de 2 hectares d’un coupe-feu dans la zone proche d’Aguas Blancas et la Mairie de San Juan prévoit l’entretien de 5 hectares de coupe-feu dans sa municipalité. EIVINATURA reste en contact permanent avec les AMAS (Agents de l’environnement) et IBANAT pour le conseil et l’exécution des bandes coupe-feu dans les forêts qui protègent les urbanisations et les maisons particuliaires.


Le débroussaillement fait par un troupeau caprin est approprié à ce type de travail, parce qu’en plus d’être un système plus économique que d’autres totalement mécanisés, l’animal mange et défèque à l’endroit même du débroussaillement, fermant le cycle naturel de substances nutritives du sol, non seulement en nettoyant mais aussi en fertilisant le terrain.

C’est un plaisir de pouvoir présenter des projets d’une telle valeur naturelle et qui apportent un bien préventif nécessaire à la biodiversité et à l’entretien des forêts d’Ibiza. •